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Saturday, August 29, 2020

Chevaux mutilés : la psychose gagne l'Ile-de-France et l'Oise - Le Parisien

kalihderes.blogspot.com

Alors que les attaques de chevaux dans les prés se multiplient ces dernières semaines partout en France, avec ces étranges mutilations et ces oreilles coupées, la peur galope et la psychose s'installe chez les propriétaires et les cavaliers, nombreux en Ile-de-France et dans l'Oise.

« L'inquiétude monte, trop », constate Angélique Prin, une éleveuse, dont plusieurs bêtes paissent autour de Fontainebleau (Seine-et-Marne). Durant la soirée de vendredi, le simple passage de deux hommes dans une Renault Scenic qui a ralenti le long d'un pré a rapidement semé le trouble sur la commune d'Ury. « Très vite la rumeur a couru alors que tout semble faux, déplore le gérant d'un club, souhaitant rester anonyme. Plusieurs propriétaires se sont relayés et ont dormi sur place. »

Durant la nuit de vendredi à samedi en Seine-et-Marne, une alerte a été lancée dans un groupe privé, après un signalement sur Saint-Sauveur-sur-Ecole. DR
Durant la nuit de vendredi à samedi en Seine-et-Marne, une alerte a été lancée dans un groupe privé, après un signalement sur Saint-Sauveur-sur-Ecole. DR  

Plus inquiétant, à Saint-Sauveur-sur-Ecole, là encore deux hommes, mais cette fois encagoulés, sont signalés vers 23 heures aux abords de prés, occupés par des chevaux. « On les a vus dans les bois devant notre ferme pédagogique, raconte Aurélie Barnabé, présidente de l'association de Barnabé&Co qui gère la ferme pédagogique avec de nombreux animaux dont quatre équidés. J'ai immédiatement prévenu la gendarmerie. »

En Essonne, un poney tué, son oreille coupée

Certains évoquent même une course-poursuite avec un véhicule suspect. « C'est faux », répond d'emblée un officier de la gendarmerie qui a augmenté ses patrouilles notamment autour de toutes les communes du massif de Fontainebleau ou de très nombreuses écuries sont installées. « On porte évidemment une vigilance particulière, un poste de brigade équestre de la Garde Républicaine est implanté à Achères-la-Forêt. »

« Tous les clubs, les écuries ont été prévenus. La police et la gendarmerie suivent ces affaires précisément », assure Emmanuel Feltesse, le président du Comité régional d'équitation d'Ile-de-France.

En Essonne, où, le 2 août dernier, un shetland a été retrouvé mort dans un champ à Saint-Germain-lès-Arpajon, avec une plaie importante au niveau de la gorge et l'oreille coupée, la gendarmerie a contacté tous les centres équestres pour les appeler à la plus grande vigilance. Sur Internet, beaucoup partagent leurs inquiétudes, et leurs soupçons. Ainsi à Forges-les-Bains, un poney aurait été attaqué par trois personnes avant d'être mis en fuite par le propriétaire.

Près du hameau du Marais, deux chevaux ont été retrouvés avec des traces orange suspectes. Sur les réseaux, on parle d'un véhicule gris foncé ou marron qui tournerait autour des prés. « On ne sait pas d'où venaient ces marques. Et quelques heures plus tard, elles avaient disparu, confie la gérante d'une écurie. Cette nuit j'ai tourné jusqu'à une heure du matin, avant d'être relayée par un autre gérant. » Par sécurité, les deux chevaux en question passeront les prochaines nuits au box.

«Des gens préfèrent sortir les chevaux du pré et les mettre dans leur jardin»

Au centre équestre de Saint-Perray-en-Yvelines, où vivent une cinquantaine de chevaux, l'heure est aussi à la prudence et à la méfiance. «Dès qu'on voit des gens qui marquent un temps d'arrêt, on leur demande ce qu'ils veulent, explique un membre du staff. On fait attention aux plaques des voitures qui passent. »

« Et la panique monte chez les propriétaire, poursuit le responsable Alain Benainous. Surtout pour ceux dont les chevaux sont au pré. Les ados et les enfants sont parfois traumatisés. » Au point que dans certains centres des Yvelines, « des gens préfèrent sortir les chevaux du pré et les mettre dans leur jardin ».

Dans le Val-d'Oise, la petite association les Crins du Vexin, qui sauve des équidés promis à un destin tragique, s'organise pour faire face à la menace. Problème, les animaux recueillis pas ces bénévoles sont disséminés sur un large périmètre, dans des pâtures souvent prêtées par des habitants au grand cœur. « Les membres de l'association se relaient pour aller voir les différents prés plusieurs fois par jour, détaille Sandrine, la présidente des Crins du Vexin. Il y a deux bénévoles qui sont carrément prêtes à dormir dans les prés. Et dimanche, nous allons installer des caméras. On a tous la trouille… »

Groupes Facebook, boucles WhatsApp...

Sur Facebook, des propriétaires ont créé le groupe « Surveillance équidés 77 Seine-et-Marne » déjà suivi par plus de 1100 personnes. Certains invitent d'ailleurs à bien vérifier les faits pour éviter les rumeurs. « C'est compliqué de démêler le vrai du faux, admet Morgane, propriétaire d'Espoir, un cheval de 5 ans. Nous avons créé un groupe WhatsApp pour s'informer sur l'écurie. » « Moi, je rentre ma jument au box la nuit alors qu'avant elle restait au pré », témoigne Anne-Laure, une autre propriétaire.

Lucile propriétaire de deux chevaux en Seine-et-Marne, a patrouillé durant la nuit de vendredi à samedi.LP/Sylvain Deleuze
Lucile propriétaire de deux chevaux en Seine-et-Marne, a patrouillé durant la nuit de vendredi à samedi.LP/Sylvain Deleuze  

Lucile, elle, n'a pas hésité à patrouiller la nuit de vendredi à samedi. « J'ai deux chevaux sur Achères-la-Forêt et avec ce qu'il s'est passé voici quelques jours, on ne prend pas de risque », explique la jeune femme.

En effet, dans une autre écurie, un cheval a été retrouvé avec des marques sur sa robe, faisant une sorte de damier. « On aurait dit un marquage des parties à manger », lâche une cavalière. Vérification faite, « ces traces seraient dues à un jeu de morpion fait par des palefreniers », conclut un officier. « Ce n'est pas malin vu le contexte, déplore Angélique Prin qui s'organise avec d'autres propriétaires pour mettre en place des rondes. On ne va quand même pas dormir avec les chevaux dans les près. »

« Dans tous les cas, il faut faire le 17, rappelle Emmanuel Feltesse. Les gens peuvent aussi remplir des fiches vigilances pour préciser aux autorités qu'il y a des chevaux à tel endroit et qu'elles envoient des patrouilles la nuit. »

Un cheval tué et mutilé dans l’Oise cet été

L’attaque n’a pas été médiatisée mais il y a bien eu cheval tué et mutilé cet été dans un champ de l’Oise, dans le secteur de Chantilly, la «Cité du cheval » qui abrite notamment un hippodrome et les Grandes Ecuries. « L’enquête est en cours », confie le parquet de Senlis qui n’a pas donné plus de précisions sur cette affaire.

« Toutes les unités ont été sensibilisées. Un groupe d’enquête spécifique, qui rayonne au-delà du département, a été monté, précise un gendarme. La difficulté, c’est surtout pour les petits propriétaires qui ont des chevaux dans des champs ou des pâtures isolées.»

Les gérants des centres équestres de l’Oise sont sur les dents. « Je ne sais pas comment faire », concède, démunie, Isabelle Augereau, la créatrice du Horse Club de Vineuil-Saint-Firmin à deux pas de Chantilly. Elle a mis des lampes munies de détecteurs de mouvements pour tenter de se prémunir des intrusions. « Elles ont été volées », se désole-t-elle. Une entreprise spécialisée dans la sécurité l’a démarchée il y a peu de temps pour installer des caméras de vidéosurveillance autour de ses installations. « Je vais payer avec quoi ? s’interroge-t-elle. Nous souffrons terriblement au niveau financier à cause du Covid-19. Et sans argent, on ne peut pas se protéger. »




August 29, 2020 at 10:31PM
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