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Tuesday, July 14, 2020

En immersion avec la Garde républicaine à cheval - Paris Match

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Paris Match a suivi le quotidien des gendarmes du régiment de cavalerie de la Garde républicaine.

Comment oublier cette vision magique de la Garde Républicaine et l’inimitable bruit de leurs sabots sur le pavé parisien un petit matin du 11 novembre dernier. Ce jour-là, j’ai vu passer au trot sur les quais de la rive gauche près de 150 cavaliers en grande tenue d’apparat ; tunique noire et culotte blanche, sabre, casque flamboyant à houppette et plumet rouges, bottes noires, gants blancs. Médusée par cette scène je me suis alors garée n’importe où quitte à attraper une contravention afin de suivre à perte de vue ces chevaux bai, alezan et bai brun avec des damiers sur la croupe. Ainsi est née l’idée de ce reportage. Je voulais en savoir plus sur ce corps militaire d’élite qu’est la Garde Républicaine à cheval, partager l’extraordinaire et singulière complicité qui existe entre eux et leur monture. Cela impliquait de les suivre pendant leurs activités en province, et d’abord à Paris au « quartier » Carnot dans le XIIe arrondissement à proximité du Bois de Vincennes où ont lieu chaque année le dernier week-end de septembre les très populaires journées Portes Ouvertes et sur leurs quatre hectares des Célestins boulevard Henri IV. Siège de leur régiment le plus connu, celui de cavalerie avec 470 chevaux et 550 hommes et femmes. Un monde à part doté de règles strictes où l’on vit d’une certaine manière en autarcie en ayant un sens aigu de la hiérarchie et du service de l’Etat. Ils habitent pour nombre d’entre eux au sein des casernes parisiennes ou de la petite couronne à proximité des selles français mais aussi des ateliers de sellerie, d’armurerie, de confection des coiffes et uniformes. Les cavaliers balaient devant leur box, préparent leur monture, les nourrissent, les pansent, les sellent, les dessellent et les amènent toutes les six semaines chez le maréchal ferrant, lui-même cavalier de la Garde, pour clouer de nouvelles ferrures amortissantes et antidérapantes car la corne des pieds pousse et s’abime vite en ville !

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Généralement peu bavards comme tout militaire qui se respecte sauf quand il s’agit de leur passion dont ils parlent avec amour tel Mastroianni évoquant sur le ton de la confidence celles qu’il avait séduites. « Une vocation comme d’être médecin ou curé de campagne, marin pêcheur… reconnaît le maréchal des logis chef Patrick B. D’ailleurs, explique-t-il, on exerce parfois cette profession de génération en génération et les femmes dont les premières sont entrées il y a vingt ans représentent maintenant un tiers des effectifs. Il n’est pas rare en effet de voir des familles à cheval comme les sœurs bretonnes Maeva la blonde et Sophie la brune, toutes deux unies à des collègues dont l’une à Antoine timbalier sur son imposant percheron gris à la tête de l’escorte.» Soyons un brin chauvins après tout ! Les Italiens, les Suisses, les Marocains, les Américains, les 3 Australiens, les Chinois… et les Anglais bien sûr –les premiers au XVIIIe siècle- avec leurs fameux Horse Guards ont une Garde d’honneur ou une police montée. « Aucun pays cependant ne possède un régiment aussi complet que le nôtre, c’est-à-dire affecté à la fois aux services officiels, à la surveillance du territoire et à la sécurité publique », souligne l’ancienne ministre de l’Intérieur Michèle Alliot-Marie. « Un régiment de premier ordre, envié à l’étranger qui en impose par son savoir-faire et son panache», conclut-elle.

Les derniers militaires de l’armée française à porter un casque de tradition

Ce sont aussi les derniers militaires de l’armée française à porter un casque de tradition. Une si belle image que lors d’une mission de surveillance à Chambord des touristes n’ont pas hésité à aborder ces sympathiques gendarmes et à leur demander pourquoi leurs chevaux avaient sur les oreilles un petit bonnet tricoté au crochet : « Pour les protéger des insectes, mais c’est plutôt rare », répondit spontanément Adeline. Déjà enthousiasmés de voir un vol d’hirondelles au-dessus de leur tête, ils les ont prié de se laisser photographier aux côtés de ses cavaliers de belle allure. Le noble équidé toujours plus tendance et dans l’air du temps à l’heure de l’écologie suscite un contact étroit avec la population. Laquelle est heureuse de pouvoir rencontrer ceux qu’ils ont pu voir à la télévision lors de manifestations officielles. Des escortes présidentielles composées de 140 chevaux de même taille et 28 motards de l’escadron motocycliste de la Garde qui entourent la voiture décapotable d’un nouvel élu remontant les Champs-Elysées. Quelle volupté en effet de s’approcher de ces bêtes majestueuses puisque cet été, eux comme nous, sommes privés du moment où ils sont les plus applaudis en ouvrant le défilé du 14 Juillet. Ce défilé exemple de rigueur et digne de la grande tradition équestre française ne s’improvise guère, et se prépare pendant 365 jours. Sans compter les répétitions de la fanfare au rythme des tambours et des cuivres. « L’une des particularités de la cavalerie est que chacun de nous forme et s’occupe d’un cheval au quotidien, rappelle un garde. Ceux qui défilent pour la Fête nationale ont au minimum cinq ans. « Les derniers jours avant le 14 Juillet sont consacrés aux répétitions qui se font en nocturne. On procède alors par étape pour bien repérer le parcours. » Un peu d’histoire républicaine : créée en 1802 par Bonaparte Ier consul la Garde municipale de Paris sera « baptisée » Garde Républicaine en 1849 et rattachée à la gendarmerie. Depuis le 1er janvier 2009 sous la tutelle du ministre de l’Intérieur elle comprend quelque 2 900 militaires. Le régiment de cavalerie de la Garde Républicaine s’est produit chaque année sauf rares exceptions pendant les période de guerre et les conflits. Contrairement à ce que l’on croit le défilé n’a pas toujours été fidèle aux Champs-Elysées et en 1982, celui-ci a eu lieu à la nuit tombée. Les fortes pluies sont particulièrement redoutées car la chaussée glissante rend cet exercice plus risqué. Cette glorieuse parade militaire initiée en 1880 reste une épreuve de force avec ses huit heures en selle auxquelles on se prépare dans la capitale, à Carnot et aux Célestins avec une extrême rigueur. La réputation de ces cavaliers intéressant Sa Gracieuse Majesté, la Reine Elisabeth cavalière émérite et experte en la matière avait souhaité se rendre en 2004 au manège des Célestins à l’occasion d’une de ses nombreuses visites d’Etat en France.

Chaque geste est codifié

Loin d’être statique, la Garde patrouille par ailleurs dans le parc domanial de Chambord et à Marseille où là comme sur tout le littoral le régiment de cavalerie apporte son concours aux unités de gendarmerie départementale. Des missions saisonnières de sécurité publique qui ont peu à voir avec celles d’honneur et le protocole, s’étendent aussi à la Champagne lors des vendanges et l’hiver à proximité des parcs ostréicoles de Normandie. Alors comment devient-on cavalier de la Garde ? Il faut d’abord monter très bien à –niveau galop - et être issu de l’une des cinq écoles de sous-officier de la gendarmerie nationale situées à Chaumont, Châteaulin, Tulle, Montluçon ou Dijon. Après une année d’enseignement et un examen, environ moins de 5% des candidats intègreront ce régiment fort convoité. Quel bonheur de voir ces hommes de l’art s’entraîner jour après jour dans les trois manèges ou les carrières parisiennes. Il est 6 heures, déjà de nombreux cavaliers à l’intérieur comme à l’extérieur travaillent à la longe, marchent au pas pour la détente, effectuent des figures au trot…

Concentrés, exigeants avec eux-mêmes, précis, chaque geste est codifié. La patience semble le maître mot. N’a-t-on pas un peu l’impression d’entrer en religion dans cet univers silencieux où le temps est galant homme. Une aventure qui dure quelque 35 années pour le cavalier qui monte des hongres et des juments achetés à des éleveurs de l’Hexagone qui commencent à servir dès l’âge de trois ans jusqu’à l’aube de leur dix-huitième année. Après cela, ils sont confiés à leur maître ou « adoptés » par le public à condition qu’ils les accueillent uniquement pour un repos paisible et mérité et qu’ils garantissent à l’Etat que le bel animal ne fera pas de compétition ou ne sera point revendu. D’autres finissent leur existence dans l’association Lyne Gueroult du domaine de Coty Briard en Normandie. Quant au militaire lui prend sa retraite à l’âge légal autour de la soixantaine. C’est de Gaulle qui a remis à l’honneur la Garde Républicaine à cheval car sous la IVe République cette unité de gendarmerie servait surtout à pied lors des manifestations officielles. Comme me le confie l’amiral Philippe de Gaulle, « Mon père a fait augmenter les effectifs de la Garde Républicaine à cheval. A ses yeux, sa bonne présentation et sa prestance justifiaient ce geste. Elle symbolisait d’une certaine façon l’image de la Garde impériale à Waterloo. C’était, disait-il, la plus belle, la plus prestigieuse Garde à cheval des grands pays. » Et si le Général avait raison ? Son sens inné du rayonnement et de la grandeur de la France et son goût du décorum ont apporté plus de panache encore et d’éclat à la Garde Républicaine à cheval.

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July 14, 2020 at 12:43PM
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