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Thursday, August 20, 2020

Chevaux tués et mutilés : «C’est une cruauté gratuite, sans explication rationnelle» - Libération

kalihderes.blogspot.com

Dans la matinée de mercredi, un pur-sang a été retrouvé égorgé près de Lannion (Côtes-d’Armor), venant s’ajouter à une liste macabre. Oreille droite coupée, œil arraché, organes sexuels prélevés… Ces mutilations particulièrement violentes se multiplient depuis février et se sont accélérées ces dernières semaines. Au moins douze cadavres de chevaux, poneys ou ânes ont été découverts mutilés. Plusieurs plaintes ont été déposées, diverses enquêtes pour «actes de cruauté envers un animal» – un délit passible de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende – sont en cours, et la gendarmerie nationale a demandé à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (Oclaesp) de venir appuyer les brigades locales. Du côté des propriétaires de chevaux, c’est un mélange de sidération et de panique. Président de la Fédération française d’équitation (FFE) depuis 2004, Serge Lecomte appelle ses membres à la plus grande vigilance.

Comment expliquer la multiplication de tels actes ?

Difficile à dire. On ne sait pas s’il s’agit d’une personne ou bien d’une équipe de complices. Somme, Aisne, Vendée ou Loire, les sites où ces drames sont arrivés sont assez éloignés les uns des autres mais ne sont pas non plus perdus au milieu des montagnes, ils restent accessibles. Peut-être est-ce une équipe ou bien un groupe de personnes qui se lancent des paris ou des défis pour se prouver je ne sais quoi et aller dans la surenchère de la cruauté. Peut-être que ce sont des personnes qui voyagent et qui commettent leurs méfaits au gré de leurs déplacements… La Fédération française d’équitation a annoncé se constituer partie civile dans les plaintes déposées aux côtés des propriétaires.

Oreilles arrachées, organes génitaux découpés… Ces mutilations sont particulièrement violentes. Quelles sont les pistes envisagées aujourd’hui ?

Nous n’avons malheureusement pas prêté suffisamment attention aux premières affaires. On se disait qu’il s’agissait de faits divers isolés. C’est la répétition des crimes qui nous a poussés à nous mettre en alerte. On a vu qu’il y avait également des cas similaires en Allemagne et en Belgique. Il faut étudier ensemble les modes opératoires pour essayer de définir le profil des auteurs de ces barbaries. Autrefois dans les campagnes, il arrivait que des animaux soient tués dans les prairies : on volait les carcasses pour les découper, les emmener à l’abattoir et récupérer de l’argent. La traçabilité et le puçage des animaux n’étaient pas encore en vigueur ; désormais, ce n’est plus possible. Aujourd’hui, la motivation est différente : on est dans un schéma de mutilation et de cruauté gratuite, sans explication rationnelle. Les actes des dernières semaines sont faits sans mobile apparent. Finalement, la cruauté semble être le mobile.

Quel pourrait être selon vous le profil des auteurs de ces actes ?

Ce sont très sûrement des gens qui connaissent les chevaux. Ce n’est pas évident de tuer d’un coup un animal de 400 kilos au milieu des prés. Les enquêtes ont aussi montré que les mutilations étaient réalisées de manière nette. Cela me rappelle quelques glorioles d’arène et du monde de la tauromachie. Couper l’oreille à la manière d’un trophée, c’est un symbole.

Anes, poneys ou chevaux destinés au saut d’obstacles : les auteurs ne semblent pas avoir de cible particulière. Comment peut-on arriver à neutraliser et mutiler un cheval ?

Lorsque vous entrez dans un pré, il est bien rare que le cheval ne vienne pas vous voir. Ces animaux sont de plus en plus socialisés et viennent naturellement vers l’être humain. Il n’y a pas beaucoup de risque à s’attaquer à un cheval. Cela fait plus de dix ans qu’on travaille sur le bien-être animal : la qualité des rapports entre l’humain et le cheval conditionne le travail qu’on peut réaliser avec l’animal. Alors lorsqu’on voit un tel acte, difficile de trouver les mots. C’est juste de la sauvagerie.

Quels conseils donnez-vous aux cavaliers et propriétaires de chevaux ?

Il y a plus d’un million de chevaux en France et ils ne sont pas tous à l’écurie. Il y en a forcément dans les prés qui se promènent, ce sont des cibles faciles. Nous encourageons les cavaliers à être plus attentifs que d’habitude. Il faut surveiller les chevaux, relever les comportements anormaux des personnes alentour, et ne pas hésiter à contacter la gendarmerie. La consigne, parfois difficile à appliquer, est de rapprocher les animaux le plus possible des habitations pour les garder à l’œil. Certains mettent en place des systèmes de vidéosurveillance en utilisant des caméras qui cherchent habituellement à détecter le gibier pour les chasseurs. Il y a plus de 1,5 million de cavaliers en France et les quelque 9 000 centres équestres du territoire sont alertés. Malheureusement, pour les propriétaires de grands espaces, la vigilance est plus compliquée car la surface est bien plus importante à couvrir.

Charles Delouche


August 21, 2020 at 12:47AM
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